mardi 27 mars 2012

François Bayrou répond avec précisions aux défenseurs de la condition animale

Chère Madame,
Vous avez interrogé François Bayrou sur ses intentions pour promouvoir l’action des pouvoirs publics dans la protection animale. Nous vous en remercions.
L'harmonie entre les êtres humains, les animaux, et la nature au sein de laquelle ils vivent n’est pas seulement technique ou liée à l’agriculture, pas seulement physique, pas seulement liée à la santé : elle est aussi esthétique et spirituelle. Nous devons œuvrer pour une prise de conscience de ce que la nature et nous sommes, d'une manière certaine, indissolublement liés.
François Bayrou a pour le monde animal,  un attachement profond. Ses racines sont, vous le savez, dans le monde rural. Il cultive depuis l’enfance une passion pour les chevaux et les animaux de ferme. Il sait ce que la société humaine doit aux animaux. Nous sommes confrontés à un défi majeur, celui de la nécessité de créer un nouveau modèle de développement, de production et de consommation qui tienne mieux compte du règne animal.
La vie des animaux est intimement liée aux grands thèmes de société. Dans les périodes de crise économique, la tentation est grande de parer au plus pressé et de faire le sacrifice de ce qui paraît contrarier les chances de reprise. Le droit des animaux, la biodiversité sont, dans l’esprit de certains, au nombre de ces « empêcheurs » de produire. François Bayrou ne voit pas les choses ainsi.
François Bayrou souhaite faire du produire en France une priorité nationale. Mais il n'écarte en aucun cas la question du comment produire. La production française doit faire preuve d’un esprit d’innovation, de créativité, et devra répondre aux enjeux du vingt-et-unième siècle. Le développement de l’élevage en plein air, et la pisciculture bio sont des filières d’avenir qu’il faudra favoriser.
La reconnaissance et le respect des animaux passeront aussi par notre modèle éducatif. L’éducation au respect des animaux et aux enjeux du monde vivant doit commencer dès l’école. L’animal n’est pas une marchandise, c’est un être sensible.
François Bayrou a trouvé précieuse la proposition de faire valoir à nos enfants dans l’enseignement primaire et secondaire, l’importance des relations « humain-animal ». L’imprégnation aux préoccupations du respect des animaux est aussi œuvre de communication : chacun doit comprendre que le traitement des animaux revêt une importance quotidienne « morale ». Au collège et au lycée, les matériels pédagogiques de remplacement (CD Roms, logiciels, mannequins) offrent une alternative valable à l’expérimentation sur les animaux.
L’avancement de la recherche doit se faire dans le cadre d’une éthique respectueuse du Vivant. L’expérimentation de produits cosmétiques ou ménagers sur les animaux me paraît inacceptable. La règlementation européenne qui fixe des interdictions en la matière doit impérativement s’appliquer en France. L’abandon progressif de l’expérimentation animale se fera au profit des nouvelles méthodes que vous évoquez.
Le monde des spectacles et des loisirs devra également évoluer. Les conditions minimales de détention des animaux, fixées par arrêté ministériel, sont difficilement respectées dans les cirques, tant les emplacements sont exigus en temps d’itinérance. Seul un accord entre les circassiens et les représentants d’associations permettra d’établir des normes plus ambitieuses et des mécanismes pour les faire respecter. François Bayrou n’assiste pas aux corridas, il a trop de goût pour la vie des animaux pour être passionné par ce type de spectacle. Il considère que d’enfoncer une épée ou un descabello dans le corps d’un animal ne constitue pas l’exemple d’un geste empreint d’humanité, même si la tradition, inscrite au patrimoine culturel de plusieurs régions de France, mérite considération.
Concernant la question de la chasse et de son interdiction : François Bayrou pense que le dialogue entre les différents usagers de la nature est indispensable sur cette question. La chasse ne nuit pas à la biodiversité. Les chasseurs ont un intérêt particulier à maintenir des espaces et des espèces sauvages qui rejoint l’intérêt commun. Le seul point de divergence entre les chasseurs et les naturalistes porte sur l’acte de tuer. Sinon, sur le fond, la démarche, les actions et les intérêts sont très souvent les mêmes.
Vient ensuite la question des milieux naturels, de la faune et de la flore sauvages, le problème de l’agriculture chimique et des gaz à effets de serre. François Bayrou s'est fixé pour objectif de cantonner, par des mesures incitatives et règlementaires, l’artificialisation des sols à 10% du territoire français. Pour ce qui est des agressions chimiques contre l’environnement, nous devons renouveler l’examen de la nocivité de plusieurs produits phytosanitaires en nous appuyant sur les travaux européens en cours.
L’Union Européenne nous a fourni, déjà, des directives « oiseaux » et « habitat » : il faut, bien sûr, les défendre, car rien n’est jamais acquis définitivement ! François Bayrou souhaite également favoriser les efforts communautaires en faveur de la chimie verte. Nous devons promouvoir des substances non toxiques pour remplacer un arsenal chimique encore trop souvent responsable de nombreuses agressions envers les animaux et la biodiversité. Certains ont raillé François Bayrou pour avoir fait de la protection des abeilles un objectif politique. Nous savons pourtant que plus de 30% de l'alimentation humaine dépend directement de la pollinisation. Or 30% des espèces pollinisatrices sont aujourd'hui menacées. Les molécules pesticides troublent les systèmes neuro-transmetteurs des abeilles et menacent les colonies. Les abeilles sont des veilleurs, des témoins des risques qui menacent  les êtres humains.
S’agissant des effets des projets d’infrastructure sur le milieu naturel, l’évaluation de l’impact est désormais une chose acquise. Mais la prise en compte des recommandations soulève plus de difficultés. Le dialogue préalable systématique est à encourager. Mieux vaut éviter de détruire une espèce animale et un milieu que de faire « compenser » sa disparition – pour peu que l’on puisse compenser la disparition d’une espèce !
Il faut aussi que les consultations comme les enquêtes publiques soient plus simples, plus compréhensibles et plus fréquentes. Des instances de débat qui recourraient notamment aux technologies de l’information devraient faciliter cette évolution.
Un mot, enfin, sur les sévices que subissent les animaux domestiques. De telles pratiques sont inacceptables et doivent être bannies par la loi. La proximité d'un animal est souvent un élément rassurant et apaisant pour beaucoup de nos concitoyens. Les maîtres d’animaux domestiques doivent connaître et assumer leurs responsabilités dans la prise en charge de ces êtres sensibles.
Partageant avec vous la certitude que la protection de l’humanité passe par celle de la biodiversité, nous vous confirmons notre ambition que la France soit à la pointe des actions prises pour la protection de l’animal et vous prions de croire, Madame, en l’assurance de nos sentiments les meilleurs.

Antoine Alheritiere
Équipe de campagne de François Bayrou
http://www.bayrou.fr

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